Ks Culture Octobre 2022

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Une rentrée culturelle au-delà des Mers

La  Culture a fait une rentrée fracassante et haute en couleur.

C’est l’occasion de retrouver nos artistes ultramarins préférés mais également de découvrir de nouveaux talents de la diaspora.

Et c’est justement ce que vient de nous proposer le CASODOM (le Comité d’Action Sociale en faveur des Originaires des Départements d’Outre-Mer en Métropole) avec la cérémonie des Talents de l’Outre-mer qui s’est tenue au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, ce jeudi 15 septembre. Cet événement qui se déroule tous les deux ans a été l’occasion de récompenser mais surtout de donner un coup de projecteur médiatique sur 52 personnalités hors du commun. Chanteuse lyrique, docteur en optoélectronique appliqué au spatial, chargée d’enseignement en droit public à l’université, les lauréats de cette célébration sont un appel à plus de visibilité et de reconnaissance. Que cela nous donne l’occasion de nous réjouir et de nous féliciter de cette vitalité !

 

Le mois sera… Kreyol !

Se réjouir, nous pourrons d’ailleurs le faire à l’occasion de la 6ème édition du Mois Kréyol qui va enflammer l’Hexagone du 8 octobre au 22 novembre avant de prendre le large pour la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane en décembre. De l’Ile-de-France à Nantes, Strasbourg, Mulhouse, Bordeaux et La Rochelle, cette nouvelle édition du festival, intitulée « Carnaval des saveurs » et toujours portée par la compagnie Difé Kako, sera l’occasion de découvrir de nombreux spectacles (concerts, danse, théâtre, cinéma), de se nourrir de rencontres littéraires et de conférences ou de participer à de passionnants ateliers sur la danse, la musique et la cuisine.

L’ivresse continue

Les arts de la scène et de la rue seront également à la fête cette rentrée. Ceux qui aiment le Théâtre retrouveront avec plaisir et pour une nouvelle saison la petite troupe de la pièce Bonjour l’ivresse ! Laurence Joseph est à nouveau sur les planches depuis le 22 septembre jusqu’au 5 novembre, elle interprète la pétillante Wanda dans la comédie déjantée écrite et mise en scène par Franck Le Hen au Théâtre Les enfants du Paradis à Paris.

Le Cirque du Phénix rend hommage à Mandela

Si vous préférez des spectacles plus « spectaculaires », pourquoi ne pas aller… au cirque ? Après avoir réinventé l’univers circassien, le Cirque du Phénix revient avec « Rhapsodie », un nouveau spectacle-hommage à Nelson Mandela et à sa vision universaliste du monde. Aux traditionnels numéros acrobatiques viennent ainsi s’ajouter de nouvelles et époustouflantes performances inspirées de l’Afrique au son des grands classiques pop-rock de Johnny Clegg ou Queen mis en musique par l’Orchestre de Cape Town. Si vous en avez assez du cirque traditionnel, de Bozzo le clown et de l’ambiance post-coloniale des lions en cage, ce nouveau spectacle du Cirque du Phénix, à Paris à partir du 19 novembre puis en tournée dans l’Hexagone à partir du 20 janvier 2023, vous permettra de vous réconcilier avec cette magnifique tradition du spectacle vivant.

WISH, la web-série 100% guadeloupéenne

La production audiovisuelle ne sera pas en reste non plus pendant cette rentrée. Plusieurs projets particulièrement intéressants sont en phase de préparation et s’apprêtent à nous emporter au Cinéma, à la Télévision ou sur Internet. Apres 3 long-métrages (« Les Konks », « Retour au Pays » et « Secrets de famille »), Julien Dalle vient de commencer le tournage de WISH « West Indies Studios History », une web-série sur l’Histoire de l’industrie musicale aux Antilles produite par sa société Eye & Eye Production. Sa particularité et ce qui en fait un événement majeur dans le monde de la création ultramarine, c’est que WISH sera produite, fabriquée et diffusée par des équipes composées uniquement de techniciens et comédiens guadeloupéens. Entre innovation et militantisme, cette initiative de Julien Dalle marquera sans doute le début d’un renouveau et d’une reconnaissance bien méritée pour tous les créateurs des Outre-mer.

Les Rascals seront (bientôt ?) de sortie…

Autre projet dont on attend la sortie mais cette fois, en salles : Les Rascals de Jimmy Laporal-Trésor. Bénéficiant du coup de projecteur que lui a conféré la nomination de son court-métrage aux Césars, le réalisateur, scénariste et producteur du Soldat noir nous plongera dans la guerre des bandes au cœur des rues du Paris de 1984. Présenté en première mondiale au Festival du cinéma américain de Deauville, le 4 septembre dernier, le nouveau film de ce mi-martiniquais mi-guadeloupéen sera l’un des événements cinématographiques à suivre. Mais pour le découvrir, il faudra encore patienter jusqu’au 11 janvier 2023 !

Sirènes, féés bleues, amazones et autres interrogations identitaires sur grand écran…

Du côté des salles obscures, la rentrée est également riche en débats. Avec sa petite sirène noire et sa fée bleue afro, le studio Disney a déclenché une polémique qui nous interroge sur nos représentations. La déferlante de réactions primaires et racistes sur la couleur des actrices incarnant ces personnages cultes est bien entendu indigne et scandaleuse. Mais faut-il balayer cette épineuse question du revers de la main ? Lorsque l’on voit la réaction des petites filles afro-descendantes découvrant une Ariel à la peau foncée, on ne peut qu’être saisi d’émotion en réalisant à quel point les stéréotypes « WASP » du Cinéma américain ont façonné nos imaginaires. Pour autant, cette ethnicisation militante atteint-elle réellement son but ? Est-ce, encore et toujours, par l’africanisation forcée de personnages blancs déjà existants que doit s’opérer le changement de mentalité dans nos habitudes de spectateurs ? Ne faudrait-il pas plutôt nous emparer des grandes figures historiques de l’Afrique et des Caraïbes ou créer ex-nihilo des héro(ïne)s afros ? Le succès de Black Panther et l’intérêt tout à fait légitime suscité par The Woman King de Gina Prince-Bythewood avec ses amazones du Dahomey démontrent que des personnages noirs inspirés du Passé ou inventés spécialement à cet effet sont plus susceptibles de séduire tous les publics qu’une réinterprétation inspirée de ce qu’a pu faire le cinéma « caucasien » avec Cléopâtre, Alexandre Dumas et j’en passe.

À travers cette superproduction sur l’Histoire du Bénin, c’est toute une fierté et un ancrage à l’héritage africain que nous offre enfin le 7ème Art. Explorer le passé glorieux et présenter des modèles à suivre, c’est redonner de la dignité à un peuple et à ses diasporas tout en permettant à ceux qui n’en sont pas issus de découvrir de nouveaux mondes et de nouvelles perspectives. Gageons que cette rentrée sera encore riche d’autres évènements de ce genre qui nous permettrons de commencer à construire un imaginaire qui nous ressemble, pour nous-mêmes et pour nos enfants.

Dans son documentaire Les nuits bleues de l’Indépendance diffusé sur France 5 et à visionner en replay sur Martinique La 1ère jusqu’au 30 octobre, Jean-Philippe Pascal (également journaliste à RFO Guadeloupe) se penche sur l’Histoire de la lutte armée aux Antilles françaises dans les années 80 et brosse le portrait de grands leaders de la cause indépendantiste (en particulier, Luc Reinette, fondateur du Groupe de Libération Armée, de l’Alliance Révolutionnaire Caraïbes et du Mouvement Populaire pour la Guadeloupe Indépendante). Mêlant interviews exclusives d’indépendantistes et de représentants de l’Etat avec des images d’archives rares, le réalisateur nous plonge dans cette époque aussi foisonnante que troublée mais toujours riche d’enseignements pour notre monde contemporain.

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