Alors qu’approche le Printemps, les artistes ultramarins brillent de mille feux, de spectacles musicaux en expositions d’Art contemporain, pour toujours plus d’inclusion culturelle.
La saison des carnavals vient de se terminer mais le cœur des Outre-mer est bien décidé à continuer à battre au rythme des Arts et de la Culture. Et cette Culture vivante, elle pourrait bien être encouragée par un vent nouveau qui souffle sur la créativité ultramarine et la diaspora afro-descendante.
Une étoile (noire) est née
Parfois, certains symboles nous incitent à penser que les choses peuvent progressivement changer. Le 10 mars, à l’issue d’une représentation de « Giselle » à Séoul, le danseur franco-sénégalais Guillaume Diop a été nommé 1er Danseur étoile de l’Opéra de Paris à seulement 23 ans. Cette nomination de la première « étoile » masculine noire par le directeur de l’Opéra de Paris, José Carlos Martinez, vient d’abord récompenser l’excellence et la persévérance de ce jeune homme. Mais si cette nomination marque un tournant majeur dans l’Histoire de la Danse en France, elle donne aussi un signal particulièrement encourageant quant à l’inclusion des talents issus de la « diversité ».
Les Outre-mer voyagent en musique
Plus que jamais, la Musique est un messager des cultures ultramarines qui affichent leur volonté de s’ouvrir au monde et de se métisser. Avec son album « Nite », Nathalie Vairac nous ramène au Mali au son des mélodies wolof de Kora Ablaye Cissoko. Trait d’union entre l’Afrique et les Caraïbes sur fond de blues mandingue, « Nite » est un retour aux sources pour la comédienne et chanteuse guadeloupéenne qui, depuis plus d’une décennie, entretient une relation très intime avec le continent africain. Autre album qui ne manquera pas d’inviter au voyage les plus mélomanes d’entre nous : « Yann Solo » de Yann Clery, sorti le 10 mars. Véritable caméléon musical, le flûtiste guyanais transcende les genres et nous propose une savoureuse promenade musicale entre le Classique, le Jazz, le Hip hop et les rythmes caribéens. Il prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent et l’éclectisme de ses références.
L’Évangile (musical) selon Max Zita
2023 est une année faste pour Max Zita. Après le succès de son dernier spectacle « Gospel en cathédrale » et en attendant la prochaine sortie en DVD de sa captation, le maître guadeloupéen du chant sacré poursuivra sa tournée dans l’Hexagone avec le Gospel Voice Academy durant tout le mois d’avril. Ce sera ensuite le temps d’un retour aux sources avec une série de masterclass. Du 4 au 14 mai, il organise « Gospel O Racines », un voyage culturel et solidaire au Bénin au cours duquel il accompagnera les passionnés dans un périple sur les traces ancestrale de cette tradition musicale. Du 21 au 30 mai, c’est à la Martinique qu’il se rendra pour une autre masterclass : « Gospel, Sea and Sun ».
Roberto Diago s’expose à la Fondation Clément
Les grandes expositions d’Art contemporain ne sont pas uniquement l’apanage de Paris et de l’Hexagone. Les plasticiens s’exposent également dans les territoires, faisant vibrer de leur virtuosité les amateurs ultramarins. C’est le cas pour le peintre cubain Juan Roberto Diego auquel la Fondation Clément, fleuron culturel de la Martinique, consacre une magnifique exposition intitulée « Un art pour tous les temps » du 10 mars au 2 mai. A travers la présentation de nombreuses œuvres emblématiques, la rétrospective revient sur les 20 dernières années de la carrière de l’artiste. Abstraites, symboliques et engagées, les peintures de Juan Roberto Diego font écho aux mutations historiques et sociales de son île et, finalement par extension, de tout le monde caribéen.
Le Gosier, capitale de l’Art engagé
Cette année et pour sa 12ème édition, le festival « Cri de femmes » réveille le monde culturel guadeloupéen avec une série d’événements artistiques, scéniques et musicaux. Le point d’orgue de la manifestation est l’exposition « Hymen cities womb livities » qui se tient du 16 au 30 mars à la galerie L’Art s’En Mêle au Gosier. Les 17 artistes du monde entier qui ont répondu présents à cet événement à portée internationale livrent aux visiteurs leurs visions du rapport à la ville, à l’organisation des espaces de vies, de la ruralité à la métropole en passant par l’intimité des foyers, dans une approche écoféministe et engagée.
Krystel Ann Art épate les galeries
On le constate, l’Art caribéen connaît un regain d’intérêt dans le monde entier. Les artistes ultramarins sont très actifs et bien représentés dans les grands événements consacrés aux Arts plastiques. Parmi les acteurs incontournables du marché de l’Art, Krystel Ann Art joue un rôle exemplaire dans la valorisation des artistes et plasticiens caribéens. Fondée en 2016 par Olivier Tharsis et Chrystelle Merabli, l’agence d’art contemporain est spécialisée dans la promotion de l’Art caribéen et d’artistes de renom comme Pasqua Philippe ou Françoise Semiramoth. Présent sur la foire AKAA (Art & Design Fair) qui s’est tenue à Paris en octobre dernier et au Basel Miami en décembre, Krystel Ann Art organise également ses propres expositions qui mettent en lumière les artistes les plus originaux comme « Immaculée » au Fort Fleur d’Épée en Guadeloupe ou « Human Hybrid » à la Bred Espace Outre-Mer à Paris. En 2023, l’agence est toujours aussi inspirée et a participé à la Foire Zonamaco à Mexico, le plus grand salon d’Art contemporain d’Amérique Latine, puis la foire Just Mad à Madrid. Grâce à ces incontournables découvreurs de talents, la créativité ultramarine a de beaux jours devant elle !
Samuel Gelas en-chaîne les interviews d’artistes avec MédiArt
Pour appuyer les galéristes et faire découvrir au grand public le travail des artistes des Outre-mer, les réseaux sociaux occupent aujourd’hui une place de choix. Dans cet perspective que s’inscrit Samuel Gelas et sa chaîne « MédiART » qu’il dirige sur Youtube depuis 2019. Fruits des rencontres de cet artiste visuel guadeloupéen avec les acteurs des Arts plastiques lors de vernissages et autres manifestations culturelles, les passionnantes interviews filmées avec son téléphone portable sont un témoignage exceptionnel de la vitalité créative ultramarine. Artistes, commissaires d’expositions, critiques d’art, politiques et spectateurs s’y expriment librement au gré de l’actualité et se confrontent aux nouveaux talents qui émergent. N’hésitez pas à découvrir son travail de médiation et d’information car « MédiArt » est en train de devenir un média incontournable de Youtube !
Mayotte à l’honneur à Paris
Mayotte a été l’un des derniers territoires à intégrer la communauté nationale. Son inclusion dans le paysage social et culturel national a donc légitimement pris du temps, tant au niveau de la reconnaissance du grand public qu’au niveau de son affirmation politique et culturelle. C’est à ce constat qu’entend remédier la Délégation Mayotte à Paris qui a ouvert ses portes le 9 février dernier, au 51-53 rue du Docteur Blanche dans le 16e arrondissement, en présence de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-Mer, et Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental. Représentation politique autant que vitrine de la Culture mahoraise, la Délégation Mayotte à Paris va constituer un outil majeur d’assistance aux mahorais vivant à Paris mais est également appelée à devenir un promoteur des traditions de ce peuple insulaire. Et pour accompagner cette inauguration, la communauté ultramarine pourra se réjouir de l’entrée du Mawli Shenge, cérémonie soufie qui se situe entre la possession et la dévotion, au patrimoine national.
A la découverte du Dome du volcan
La Martinique bénéficie depuis le 10 mars d’un nouvel équipement culturel destiné à mettre en valeur la luxuriante forêt ombrophile des pentes de la Montagne Pelée. Le Domaine Martiniquais d’Expérimentation (DoME) de Grande Savane, au Prêcheur, pourra désormais accueillir les randonneurs et le public amateur de nature autour de thématiques telles que le paysage, la tropicalité, la météorologie, l’écosystème ou la géologie. Idéal pour se familiariser avec les problématiques de l’environnement et les gestes à adopter pour le préserver, le DoME réserve une attraction spectaculaire et immanquable : une rampe muséographique à 700m d’altitude, véritable plateforme d’observation qui survole le sentier de randonnée de Grande Savane.
Le Pacifique s’invite dans la capitale
Avec l’arrivée du Printemps, le Pacifique ne sera pas en reste dans la capitale. Les 24, 25 et 26 mars, le slameur, rappeur et danseur néo-calédonien Rémy Hnaije dit « Resh » sera à l’affiche d’« Itra », un spectacle musical en langue kanak mélangeant chants traditionnels et récits ancestraux, au Hall de la chanson, à deux pas de La Villette. La Nouvelle-Calédonie servira également de décor à « Tchia », le dernier jeu vidéo sur PC, PS4 et PS5 du studio Acaweb. Sorte de Zelda ultramarin, l’esthétique dans laquelle évolue le petit héros malicieux est directement inspirée des paysages, des coutumes et de l’argot kanak (inspirés de la propre jeunesse des animateurs). Du 12 au 16 avril, c’est cette fois la Polynésie qui sera à la fête avec la tenue annuelle du Marché polynésien qui se tiendra dans les locaux de la Délégation de la Polynésie française, au 28 Boulevard Saint-Germain.
Coup de cœur
Pionnières de la Négritude, Paulette et Jane Nardal furent des figures centrales du Paris Noir des années 30. Ces sœurs martiniquaises, intellectuelles, journalistes et féministes furent aux côtés d’Aimé Césaire et de Léopold Cedar Senghor les grandes théoriciennes pionnières d’une conscience noire française à travers leur engagement politique et la création de la mythique « Revue du monde noir ». Réalisé par Marie-Christine Gambart, le documentaire « Les sœurs Nardal, les oubliées de la Négritude » réhabilite ces deux femmes d’exception et rend hommage à leur combat à travers un portrait riche en archives et en anecdotes éclairantes. Diffusé sur France 5 dans la programmation « Case d’Histoire » le 12 mars dernier, le film est à voir et à revoir en replay jusqu’au 20 septembre sur la plate-forme France.tv.
Enfin et à titre de conclusion exceptionnelle, l’Agence K’S COMMUNICATION souhaiterait rendre un dernier hommage à Sylviane Telchide, professeur des universités, essayiste, romancière et traductrice qui a tant œuvré pour défendre et promouvoir la langue Créole. Sylvie, nous n’oublierons pas votre combat pour la réhabilitation de notre patrimoine linguistique et de la culture guadeloupéenne !