ÉDITO CULTURE FÉVRIER 2023 La Culture des Outre-mer prépare le printemps

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Expositions prestigieuses, parutions d’ouvrages sur les traditions et l’Art de vivre, déploiements de dispositifs d’aide à la création ou célébration des grands auteurs ultramarins, l’Agence K’s revient pour vous sur les grandes actualités culturelles de ce mois de février.

Si le temps est encore frais en ce mois de février, cela peut être l’occasion de découvrir toute la diversité d’expression et de créativité des diasporas afro-descendantes et ultramarines. Tandis que les portes des plus grandes institutions muséographiques s’ouvrent sur les territoires et leurs plus illustres représentants, les éditeurs n’hésitent pas à se faire le reflet des héritages créoles et africains. Les politiques semblent d’ailleurs accompagner, eux-aussi, ce mouvement de reconnaissance et de promotion. L’agence K’s Communication vous fait un point sur ce qui fait avancer la Culture des Outre-mer alors que le printemps, ensoleillé et festif malgré les difficultés économiques et sociales, est riche de promesses de vitalité artistique.

 

Senghor s’expose au Quai Branly

À l’instar d’André Malraux et de son « musée imaginaire », Léopold Sédar Senghor a fait de la relation entre l’Art et les sociétés un des axes principaux de sa réflexion sur l’identité noire. C’est cet aspect passionnant de la pensée du chantre de la « Négritude » que le Musée du Quai Branly explore à travers la passionnante exposition « Senghor et les arts – Réinventer l’Universel » qui se tient jusqu’au 19 novembre 2023. En s’appuyant sur les réflexions de l’ancien président sénégalais devenu poète, l’exposition confronte les points de vue et les œuvres, interrogant le dialogue des cultures et le métissage des arts. C’est l’occasion de découvrir ce grand homme dans l’intimité de ses passions à travers de nombreux objets et archives lui ayant appartenu.

Faith Ringgold à l’honneur au Musée Picasso

En plus de la valorisation de l’œuvre immortelle de Pablo Picasso, le musée qui porte son nom à Paris a l’habitude de rendre hommage à des artistes contemporains du monde entier qui s’inscrivent dans la tradition de son œuvre. C’est le cas pour Faith Ringgold, plasticienne américaine héritière (consciente ou non) de la pensée universaliste de Senghor autant que du bouillonnement artistique du Harlem Renaissance. Grande figure contemporaine de la peinture engagée, féministe dans l’âme et témoin des combats des Afro-américains pour leurs droits civiques dans une Amérique encore très marquée par le ségrégationnisme, elle a su traduire en peinture les luttes d’un peuple en marche vers sa dignité. Elle prouve ainsi et plus que jamais que « Black is beautiful ».

Sous le regard (et l’objectif) de Zanele Muholi…

On ne le dira jamais assez, l’Afrique est une source inépuisable de talents. La Maison Européenne de la Photographie (la MEP) à Paris en donne un nouvel et éclatant exemple en accueillant une rétrospective de 200 œuvres et documents d’archives de l’activiste et photographe sud-africaine Zanele Muholi. Militante de la cause de la communauté noire LGBTQIA+, Zanele Muholi est également une poétesse de l’image. A travers une iconographie positive, ludique et souvent drôle, elle interroge les clichés et les idées reçues à travers les portraits de femmes qu’elle a croisé. Son travail est un hymne à la différence et à la tolérance qui nous fait découvrir une autre facette de la société sud-africaine.

Convention cadre et bourse de mobilité : des leviers pour la Culture ultramarine

Si Paris reste un phare culturel pour les artistes ultramarins, les territoires aspirent bien légitimement à conserver sur place leurs plus inestimables talents. Dans cette perspective, il est clair qu’un soutien financier et institutionnel est indispensable. C’est tout l’enjeu des conventions cadres Etats-Pays dans le domaine de la Culture signées entre les territoires et le Ministère de la Culture, renouvelées tous les cinq ans. Dernier exemple en date, la Polynésie vient de signer un renouvellement de cette convention le 19 janvier dernier, lors de la dernière réunion de co-pilotage réunissant Édouard Fritche, Président de la Polynésie française et Eric Spitz, Haut-commissaire de la République. Cet accord permettra ainsi d’allouer plus de fonds aux grands projets des lieux culturels incontournables de l’archipel comme le Musée de Tahiti ou le Conservatoire de Polynésie française. Et si les talents locaux gagnent à s’épanouir à domicile, ils sont aussi appelés à participer au rayonnement à l’échelle internationale de leur région d’origine. Destiné à favoriser la mobilité des artistes dans l’Union, le dispositif « Culture moves Europe » permettra à 7 000 artistes de toute l’Europe de partir à l’Étranger afin de développer et de promouvoir leur créativité. Bien que considérées comme géographiquement ultra-périphériques, les Outre-mer ont toute leur place dans ce dispositif !  

« Le combat de coqs à la Réunion »

Récits, témoignages et photographies constituent souvent, eux-aussi, une belle occasion de découvrir des aspects méconnus de certaines cultures et traditions locales. À la Réunion, le combat de coq (également appelé « batay kok ») est une institution populaire et ancestrale. Militant culturel réunionnais passionné par l’Histoire, Cyril Hoarau se penche sur cette tradition créole pour en dresser une passionnante Histoire avec son dernier ouvrage : « Le combat de coqs à la Réunion », paru aux Éditions Baudelaire. Des origines de cette coutume qui puise ses racines dans le traumatisme de l’Esclavage jusqu’à la célébration de la fête de Pangol organisée le 1er janvier de chaque année, l’auteur brosse un portrait anthropologique du phénomène. Il rend ainsi à cette pratique populaire sa place de symbole et de marqueur social au sein du monde réunionnais en étudiant la typologie des spectateurs et son aspect mémoriel. Le livre aborde également l’aspect polémique que peut représenter de nos jours la nature violente de cette pratique majoritairement condamnée par les défenseurs de la cause animale. C’est donc l’occasion de découvrir plus en profondeur et de faire le point sur ce véritable outil de cohésion social ultramarin.

L’art de vivre « made in Africa »

Cela est bien connu, on peut voyager en livre. L’Afrique a toujours été pourvoyeuse de tendances artistiques et culturelles. Vêtements aux coupes traditionnelles, modernes ou métissées, objets en matières nobles ou recyclées, ustensiles du quotidien hérités des croyances ancestrales, c’est à une (re-)découverte de l’identité africaine à travers ses objets à laquelle nous invite « Made in Africa – Dans ma valise », le dernier livre de Hortense Assaga. D’origine africaine et passionnée de mode et de déco, cette journaliste globe-trotteuse s’est intéressée au savoir-faire artisanal du « Continent noir » dont l’inventivité se décline dans toutes les dimensions du quotidien. Les objets et les vêtements tous plus somptueux, originaux ou intrigants les uns que les autres se succèdent de page en page dans un tourbillon de motifs et de couleurs. Car en plus d’être instructif, son livre est un véritable festival de photographies sublimant l’élégance et la créativité africaines. De quoi avoir toutes les cartes en main pour être outillé, meublé et… sapé comme jamais !

Le carnaval des tout-petits  

Pour fêter l’arrivée prochaine de la saison des carnavals, les éditions Caraibéditions ont pensé aux tout-petits avec le nouvel opus des aventures de Maya et Léo : « Maya et Léo fêtent le Carnaval à l’école ». Après leur balade sur la plage de Sainte-Anne et leur escapade aux îles du Salut, les deux enfants s’apprêtent à fêter le Carnaval à leur école et vont s’en donner à cœur joie dans leurs déguisements multicolores. Delphine-Laure Thiriet et Jade Amory (illustratrice de la série des « Noémie » et originaire de la Martinique), mêlent textes et dessins afin d’aider les bouts de choux à se familiariser avec la lecture à travers des histoires inspirées du quotidien des enfants ultramarins et de leur univers festif. Un beau moment de partage avec les plus jeunes en perspective autour des mots et de leur apprentissage.

Notre coup de cœur :

Maryse Condé et son œuvre sont plus que jamais à l’honneur dans les territoires comme dans l’Hexagone. Après un collège baptisé de son nom en Guadeloupe, c’est le dernier grand lycée construit à Sarcelles (dans le Val-d’Oise) qui a le privilège de lui rendre hommage. Inauguré le 20 janvier dernier, cet établissement flambant neuf entend être le reflet multiculturel et universaliste de l’œuvre si dense et intense de cette grande dame toujours en vie après une incroyable carrière littéraire de 85 ans. A Pointe-à-Pitre, c’est l’association « Kaz A Condé », lieu d’échange et de réflexion promouvant son œuvre, qui vient d’ouvrir ses portes au Pavillon de la ville le 11 février. Malgré son grand âge, ces inaugurations sont pour l’écrivaine une occasion incomparable pour tester son immense popularité auprès de la diaspora caribéenne.

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