ÉDITO CULTURE :  » Cet été, prenons le temps ! »

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Exposition sur l’Esclavage en Normandie, festivals culturels, nouveau single du groupe SOFT, recueil de poèmes de Maïty Freeman… Avec l’Été vient le moment de prendre le temps de se détendre, d’apprendre et de rêver en compagnie des artistes ultramarins !

 

Voilà l’Été ! Après toutes ces semaines de tension et d’inquiétudes, la période estivale nous propose de faire une pause bien méritée. En Hexagone comme dans les territoires, chacune et chacun aspire à plus de tranquillité et d’introspection. C’est le moment idéal pour prendre le temps. Prendre le temps de réfléchir à qui nous sommes. Prendre le temps de savoir d’où nous venons et où nous souhaitons aller. Et les artistes des Outre-mer vont nous accompagner tout au long de ce moment tant attendu.

L'Esclavage, un héritage normand qui s'expose

Dans l’imaginaire collectif, ce sont surtout les grandes villes du littoral atlantique comme Nantes ou Bordeaux auxquelles on attribue l’organisation et la fructification de la Traite négrière. C’est oublier que la Normandie fut, elle-aussi, un pourvoyeur important d’armateurs, de navires et de personnalité esclavagistes de tous rangs. C’est à l’évocation de ce Passé méconnu qu’entend répondre une ambitieuse exposition qui se tient simultanément et jusqu’au 10 novembre prochain dans trois villes iconiques du paysage normand : Rouen, Le Havre et Honfleur. Réalisée en collaboration avec la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, « Esclavages, mémoires normandes » aborde la participation de la région au Commerce triangulaire sous trois aspects : les enjeux, les mécanismes et les conséquences humaines de la Traite avec « Fortunes et servitudes » à Hôtel Dubocage de Bléville (Musées d’Art et d’Histoire du Havre), le déroulement des différentes étapes de la navigation et les lieux qui la ponctuent dans « D’une terre à l’autre » au Musée Eugène Boudin de Honfleur et une interrogation sur nos modes de consommation et ce qu’ils révèlent de nous et de notre rapport à l’Autre dans « L’envers d’une prospérité » au Musée industrielle de la Corderie Vallois à Rouen. S’appuyant sur les collections et les fonds d’archives des plus grands musées de Normandie, ces trois expositions passionnantes et complémentaires nous plongent dans le quotidien et l’horreur du commerce d’êtres humains qui contribua à assurer la puissance et la richesse normandes. Afin de prolonger cet évènement majeur sur l’un des plus cruels pans de l’Histoire humaine, deux artistes ultramarins de premier plan nous livrent leur regard graphique, intime, artistique et politique. Le plasticien et réalisateur martiniquais Gilles ÉLIE-DIT-COSAQUE investit la Maison de l’armateur au Havre pour présenter deux de ses plus belles créations contemporaines : « Lambeaux » et « Xslave ». A Rouen, c’est Rachel LABASTIE qui décline le motif de l’entrave en utilisant la porcelaine et le blanc érigé en métaphore avec « Entrave de cou », l’une de ses dernières créations, au Musée de la Céramique. Il est donc temps de prendre le temps de se souvenir et de se rappeler ce qui constitue les racines de tout un peuple.

Le Musée du Louvre et la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage en accord

Aider à se souvenir est au cœur de la mission de la Fondation de la Mémoire de l’Esclavage. Trois ans après l’exposition « Madeleine au Louvre » qui avait marqué le lancement officiel de la fondation, Laurence DES CARS, Présidente-Directrice du Musée du Louvre et Jean-Marc AYRAULT, président de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, ont signé, le 5 juillet 2023, un accord de partenariat pour favoriser la transmission de la mémoire de l’esclavage au musée. Cet accord vise à accroître les différentes actions de sensibilisation des publics à la présence du passé colonial dans les salles du musée comme à travers les œuvres. Par le biais des projets scientifiques, des actions d’éducation artistique et culturelle ou encore des expositions, la programmation du musée s’engage à amplifier son travail de recherche et de diffusion de la connaissance et de la transmission de l’Histoire et de la mémoire de l’Esclavage. Se rajouteront à cela le développement d’actions de médiation au sein des espaces du musée du Louvre et du jardin des Tuileries, la production de ressources pédagogiques ainsi que la formation des enseignants, le soutien à la recherche et la valorisation de ces travaux par l’organisation de conférences ou colloques ainsi que la participation annuelle du musée du Louvre aux manifestations du « Temps des Mémoires ». On ne peut que se réjouir de voir ces deux institutions, aux histoires et aux temporalités si différentes, se rejoindre dans une même philosophie du rapport à l’Histoire des Outre-mer.

En avant la Musique avec les festivals de l’Été

L’importance du Passé ne doit pas nous faire oublier le Présent et l’Été est aussi l’occasion de prendre le temps de vibrer au son des nombreux festivals que proposent les territoires. A Fort-de-France, le 52ème Festival culturel « Symbiose » met à l’honneur tous les talents martiniquais et internationaux jusqu’au 23 juillet. Les rues de la ville-capitale s’animent au rythmes des ateliers de danse et de cuisine (avec Nathanaël DUCTEIL et le chef Camerounais Norbert ASAH), des spectacles d’humour, des pièces de théâtres et d’une exposition de verre soufflé à la villa Chantecler. La nuit du 22 juillet sera le point d’orgue du festival avec la Jazz night, concert géant de Yolanda BROWN et Spyro GYRA sur la pelouse du Parc culturel Aimée CESAIRE. Le lendemain, pour terminer en beauté, le traditionnel Carnaval des Arts se déroulera de 10 h à 23 h avec le village pour les enfants, le vidé de groupes à pied et le concert du groupe de rue guadeloupéen AKIYO. De l’autre côté du monde, la Nouvelle Calédonie célèbre la musique avec le festival « Trompettes sous les étoiles », parrainé cette année par Ibrahim Maalouf. Jusqu’au 23 juillet, Nouméa et plusieurs grandes villes calédoniennes proposent un panorama de Jazz métissé qui se terminera au Ponton sur un feu d’artifice cuivré orchestré par un concert des plus grands dont Christophe LELOIL, Nicolas ARIAS TRIO, TRIPTYK et STREET FANF’ART.

Musique et poésie au fil des pages

Prendre le temps, c’est aussi se laisser bercer par la musique des mots, les mélodies de la poésie. C’est l’occasion de découvrir « Le sang d’une lionne », le dernier recueil de Maïty FREEMAN paru chez Perle noire Éditions. Au fil de ses poèmes aussi puissants que sensibles, la photo-reporter et présentatrice de l’émission culturelle Studio 5 sur OM5TV depuis 2017 se dévoile en vers et contre tous. Elle y parle avec grâce de sa féminité et de son identité créole, de son parcours de vie et de ses espérances. L’amour des mélodies et des rythmes, c’est également ce qui guide Gino SITSON dans son exploration de la musique caribéenne et de ses racines amérindiennes et africaines. Dans son livre « De la musique des natifs caribéens à la naissance du Gwoka« , fruit de son Doctorat en Musicologie paru aux éditions Neg‘ Marron dans la collection « Repriz« , le musicien de Jazz camerounais interroge le creuset culturel à l’origine des musiques de la Guadeloupe. Par son étude minutieuse croisant contexte historique et problématiques historiques, voire anthropologiques, il remonte avec passion aux sources d’une tradition qui donna naissance à des danses célèbres comme le Bigidi ou le Gwoka.

Pour ses 20 ans, le groupe SOFT est de sortie !

Héritiers de cette histoire musicale, les membres de SOFT vont, eux, prendre le temps de fêter leurs 20 ans de succès. Fondé en 2003, le groupe de Fred Deshayes, quartet acoustique alliant musique fine et textes pertinents, a réveillé le monde de la musique antillaise avec leur album culte de Jazz métissé « Kadans a Peyi-la« , sorti en 2006. Après avoir enflammé le Palais des Sports du Gosier pour un grand concert anniversaire le 8 juillet dernier, SOFT offre à son public le plaisir de découvrir leur nouveau single spécialement composé pour l’occasion : « Mi SOFT la ». Mêlant Jazz et sonorités traditionnelles guadeloupéennes, leur nouveau morceau perpétue leur style incomparable, tendre et épicé. Derrière l’harmonie des notes, les textes de SOFT continuent de chanter le quotidien des Guadeloupéens, leurs difficultés et leur joie de vivre aussi. Mais l’évolution de la musique de SOFT va aussi résolument vers des mélodies toujours plus festives et chaleureuses, idéales pour nous donner le tempo de cette période estivale !

Le Coup de cœur :

Le concours annuel des « Voix des Outre-mer » est toujours un moment d’excellence et de démonstration du talent des chanteuses et chanteurs ultramarins. La finale de cette 6ème édition a eu le 3 juillet dernier, en Île-de-France et huis clos. Elle a récompensé les artistes les plus prometteurs mais aura surtout été l’occasion de découvrir de nouvelles personnalités extraordinaires. Si vous souhaitez revivre ce moment captivant et découvrir l’intégralité du palmarès, nous vous invitons à cliquer sur la retransmission de la cérémonie sur YouTube :

https://youtu.be/4M-NQ0cBVLg

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