EDITO CULTURE : Le printemps culturel en Outre-mer : une explosion de joie et de couleurs

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De la palette chatoyante des saveurs indiennes à l’éclatante richesse des couleurs de Sainte Lucie, en passant par la vivacité parisienne et les nuances chatoyantes de Tahiti, le Printemps offre un délicieux moment d’expression pour les cultures ultramarines. L’équipe de K’s Communication vous convie à explorer les festivals, les spectacles, les expositions et les sorties littéraire qui animent cette saison aux mille saveurs.

Le Monde connaît la musique (des Outre-mer) !

A l’instar de Kassav‘ et de son succès mondial, force est de constater que la musique ultramarine jouit d’une reconnaissance internationale non négligeable. Dernier exemple en date : le succès de la tournée indienne du groupe réunionnais Ziskakan ! Du 15 au 28 avril, Gilbert Pounia, leader du groupe, et ses compagnons diffuseurs du Maloya ont pris la direction de Chennai pour une série de concerts en Inde. A Pondichéry, Pune ou Mumbai, Ziskakan retourne ainsi aux sources culturelles de cette tradition musicale diffusée à la Réunion par la diaspora hindoue. Côté Caraïbes, la tranquille Sainte Lucie célèbre les musiques du soleil avec son mythique Jazz & Art Festival. Du 5 au 14 mai, les groupes les plus prestigieux de la région, de Shenseea à Gustavo Casenave, Buju Banton, Ayra Starr, Ronald Boo Hinkson et même Kassav’ sont attendus sur la scène de cet événement incontournable reconnu comme le premier festival de Jazz des Caraïbes. L’Hexagone ne sera d’ailleurs pas à l’abri de la fièvre des rythmes tropicaux puisque Haïti s’apprête à débarquer sur la scène du Palace de Villiers-le-Bel, dans le Val d’Oise, à l’occasion de la Folle nuit du Kompa Paris qui rassemblera Steel Groove, Karma et Blackout en un concert exceptionnel le 17 mai prochain !

Hommages aux héroïnes de la lutte des Afro-américain(e)s

Le spectacle vivant sait nous faire rêver et danser mais il sait également s’engager. Deux oeuvres rendent ainsi hommage au combat des Afro-américains pour la conquête de l’égalité de droit et leur affirmation identitaire dans une société américaine souvent profondément raciste. Présentée au Centre Pompidou jusqu’au 29 mai, l’exposition Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, installation numérique mêlant réalité augmentée et spectacle vivant, nous plonge dans le quotidien engagé de cette figure féminine oubliée de la lutte pour les Droits civiques. Inspiré du livre de Tania De Montaigne, ce parcours immersif permet au spectateur de prendre conscience des conditions d’existence de la communauté noire dans l’Alabama des années 50 à travers le destin hors du commun de cette précurseure de Rosa Parks. Dans un autre registre, la pièce Eunice Kathleen Waymon, dite Nina Simone de David Geselson met en scène la diva du piano et son destin contrarié en forme de carrière brisée par le poids du racisme. Après avoir triomphé à Paris au Théâtre de la Bastille puis au Théâtre de l’Odéon, cette célébration de l’icône militante de la Musique afro-américaine qui nous a quitté il y a tout juste 20 ans part en tournée dans tout l’Hexagone à partir du 26 avril et jusqu’au 25 mai.

Les Dumas s’exposent à la Fondation Pathé

Les expositions interrogent les identités et jettent des ponts entre le Passé et le Présent, aussi différentes que puissent être leur localisation ou leur thématique. À l’occasion de la sortie en salles de la nouvelle adaptation des Trois Mousquetaires par Martin Bourboulon, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose de revisiter l’héritage cinématographique des deux Alexandre Dumas : le père, auteur prolifique de plusieurs centaines de romans historiques, de contes et de pièces de Théâtre, mais également le fils, célèbre pour ses œuvres romantiques et, en particulier, sa Dame aux camélias. A travers plus de 200 documents, près de 100 extraits de films, des costumes, des accessoires, des photographies et des documents graphiques répartis sur trois étages, l’exposition Alexandre Dumas à l’écran est aussi l’occasion de comprendre l’attachement au folklore historique français de ces deux enfants issus de la lignée du célèbre révolutionnaire haïtien, le Général Dumas.

Carole Buttin en quête de sens...

En Martinique, c’est la plasticienne et peintre Carole Buttin qui investit un curieux lieu d’accrochage pour son travail sur le corps féminin : les murs d’un cabinet médical à l’étang Z’abricot à Fort-de-France. En une trentaine de toiles, toutes plus expressives et colorées les unes que les autres, son exposition Avec des sens explore jusqu’au 9 juin les formes, la sensualité et la féminité des antillaises, quelle que soit leur génération. Infirmière de profession, Carole Buttin propose ainsi l’expérience d’un regard intime sur la beauté des femmes en les confrontant la réalité corporelle du quotidien à laquelle elles sont soumises.

Quelques récits d'Histoire ultramarine...

La Littérature créole ne manque pas de récits intimes et qui illustrent si humainement les grands épisodes de l’Histoire de ces territoires. Ce mois-ci, plusieurs écrivains ultramarins nous régalent de leurs évocations historiques dans des fictions ou des souvenirs autobiographiques. Dans Vendémiaire, sa dernière pièce parue aux éditions Nèg Mawons, Guy Lafages raconte la Guerre de Guadeloupe à travers l’appel à résister lancé par Louis Delgrès, colonel métis de l’armée française célèbre pour s’être rebellé contre le rétablissement de l’esclavage décrété par Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, en 1804. Dans Kourou, publié chez Ibis rouge, c’est la dramatique genèse de la colonie de peuplement sans esclavage fondée en Guyane à la suite de la Guerre de Sept ans que nous raconte Eunice Richards-Pillot. A travers l’aventure extraordinaire de Jean Antoine Brûletout de Préfontaine, soldat disgracié et propriétaire terrien de Macouria, aux abords de Cayenne, l’auteur nous dévoile un épisode méconnu de la colonisation de cet Outre-mer amazonien au XVIIIème siècle dans une grande fresque épique. Dans Le bal de la rue Blomet paru chez Mercure de France, Raphaël Confiant plonge dans l’effervescence de ce lieu de rassemblement de la communauté ultramarine pour nous décrire le microcosme qui fréquentait le célèbre ancien cabaret dansant antillais et club de jazz du Paris des Années folles créé en 1924. Les souvenirs sont également une importante ressource mobilisée par les auteurs. Dans Pou Zot – Kassav’ – Love and Ka-Dance, paru chez Jasor Editions, Pierre-Edouard Décimus, l’un des créateurs du style musical Zouk, ancien pilier du groupe Les Vikings et l’un des co-fondateurs de Kassav, nous raconte sa jeunesse insulaire et surtout son implication dans la création de ces groupes mythiques. Riche en musique, anecdotes et humour, le récit de vie de ce garçon des faubourgs de Pointe-à-Pitre devenu un artiste incontournable de la scène caribéenne est un formidable témoignage sur la création musicale créole au XXème siècle.

Quand Françoise Vergès décolonise le Musée

Et pour poursuivre cette réflexion sur le Passé, sa transmission et les conditionnements culturels qu’il génère, il ne sera pas inutile de se plonger dans le dernier essai de Françoise Vergès : Programme de désordre absolu – Décoloniser le Musée ! Dans son livre publié le mois dernier chez La Fabrique, la nièce de Jacques Vergès décrit le musée occidental comme un champ de bataille idéologique, politique et économique que les influences intellectuelles contemporaines invitent aujourd’hui à « repenser ». Pour cela, elle invite les spectateurs, en reprenant l’expression de Frantz Fanon, à interroger les présupposés mêmes du musée universel ainsi que sa hiérarchisation identitaire issue des Lumières et du Colonialisme.

Tahiti bouge

A l’autre bout du monde, la Polynésie brille également de mille feux. Le 6 mai prochain et pour la deuxième année, le festival Pacifik’o 2 va faire vibrer la création musicale polynésienne. Sur les deux scènes du Parc Vairai à Punaauia vont ainsi se succéder 14 grands noms de la pop insulaire et internationale ultramarine comme Taïro, Nohorai Temaiana, Sissasue Okota’i et Rehe Sound. Tous les styles musicaux seront représentés, du reggae au pop en passant par le rap pour le plus grand plaisir des amateurs de musique live. Et ceux qui trouveraient les concerts trop bruyants et qui préfèrent rester chez eux pour se cultiver vont pouvoir profiter du lancement récent de Tahiti VOD, une plateforme numérique gratuite qui donne accès à une infinité de programmes télévisuels et multimédias consacrés exclusivement au monde Pacifique et à son héritage culturel. Rassemblant une large sélection d’archives audiovisuelles polynésiennes et un panel de documentaires, clips, spectacles et émissions en tous genres classés par thèmes, cette initiative destinée à rendre hommage et à promouvoir l’héritage culturel des 5 archipels a été développée par la Te Fare Tauhiti Nui (la Maison de la Culture de Tahiti) et a été lancée le 18 avril. C’est l’occasion de (re-)découvrir des aspects méconnus et rares du patrimoine tahitien.

 

Coup de cœur :

La maison d’édition guadeloupéenne Caraïbéditions vient de publier une traduction en Créole du roman culte d’Annie Ernaux La place. Rebaptisé « Plas-la« , ce texte autobiographique publié en 1983 est devenu l’un des manifestes du Féminisme. Cette traduction inédite, à rebours des œuvres en Créole adaptées en Français standard, permettra aux lecteurs des Outre-mer de s’approprier de manière plus intime ce grand moment de Littérature.

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